2010 DESPERATE ISLAND
DESPERATE ISLAND 2010
10 SCULPTURES HYDROSTONE
L’installation Desperate island fonctionne comme une métaphore de la fabrication de l’imagerie contemporaine, qui, créée dans des studios photographiques, tend à dissocier le sujet et le contexte. Le sujet se retrouve en effet seul devant un fond de studio mimant une action isolée, dépourvue de contexte réel et, de ce fait, ridicule et surjouée. Le fond en question est constitué de grands rouleaux de papier, accrochés en hauteur et déroulés, couvrant les murs et le sol afin d’éviter toute projection d’ombre et de donner l’impression d’un espace vide et flottant.
The installation Desperate island functions as a metaphor for the way photographic studios manufacture contemporary imagery by divorcing subject from context. Indeed, here the subject is set against a studio background that suggests an isolated act, one stripped of any real context and therefore appearing overblown and silly. The background in question is composed of large rolls of paper hung high and then unrolled to cover walls and floor in a way that eliminates shadows and creates the impression of an empty, floating space.
Collection: Musée des beaux arts du Québec
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LE DEVOIR - CV PHOTO - CANADIAN ART TORONTO - CANADIAN ART MONTREAL
Les « îles désespérées » de Pascal Grandmaison sont créées à partir de ces mêmes fonds de studio, froissés et pliés pour former des moules. Réceptacles d’une action potentielle, ils donnent naissance à des sculptures en plâtre, oscillant entre lourdeur et impression de légèreté, entre abstraction et réalité. Elles symbolisent ces contextes laissés sans sujet, ces îles sans personne à sauver de l’étendue de l’océan. Gardant les traces du papier bleu-vert qui les enveloppait et révélant ainsi l’artifice de leur processus de création, les fonds devenus formes sont définitivement condamnés à rester abstraits. Malgré leur volume, les îles ressemblent en effet davantage à des fantômes ou à des enveloppes vides qu’à des corps concrets et réels.
« Imaginez un humain, seul, perdu au milieu de l’océan, infini dans toutes les directions. Seul repère spatial, la fine ligne pâle de l’horizon, à peine discernable. Une île à l’horizon devient alors le seul espoir de retrouver un ancrage et un espace concret au sein de ce milieu quasi immatérialisé. Mais ici, les îles sont, elles aussi, “désespérées” », éprouvant la même solitude que le naufragé qu’elles pourraient sauver de la noyade. » (Pascal Grandmaison)
Grandmaison’s “desperate islands” were made from this same studio background paper, folded and crumpled to form molds. These vessels of potential action were then used to cast plaster sculptures that oscillate between weightiness and an impression of lightness, between reality and abstraction. They symbolize contexts devoid of subject, islands that have no one to save from the vastness of the oceans. Retaining traces of the blue-green paper that enveloped them – thereby revealing the artifice behind their own creation – these forms-as-contents are condemned to remain abstract forever. Despite their volume, the islands look more like ghosts or empty envelopes than real, concrete bodies.
“Imagine a human being, alone, lost in the middle of an ocean that stretches endlessly in all directions. The only spatial landmark is the thin, pale, barely discernible horizon line. An island on the horizon thus becomes the sole hope of finding a mooring, a concrete space within this nearly immaterial environment. Here, however, the islands themselves are ‘desperate,’ experiencing the same solitude as the castaway whom they might save from drowning” (Pascal Grandmaison)
Texte Kevin Muhlen :Guide exposition Casino Luxembourg Forum D'art Contemporain, 2011